LA QUERELLE LITTÉRAIRE DE LUBUMBASHI 

MUDIMBE CONTRE NGAL La sociologie de la littérature nous enseigne que « la connaissance des œuvres littéraires, voire leur simple lecture, nécessite toujours une bonne compréhension de leurs dimensions sociales. [En effet], quel est le roman, le poème ou la pièce de théâtre qui ne contienne les contours d’un monde rappelant le nôtre, c’est-à-dire celui des êtres sociaux que nous sommes ? » 1 . Les lecteurs d’Entre les eaux2 et de Giambatista Viko3 , à Lubumbashi, n’ont pas échappé à cette règle énoncée par Paul Dirkx. Le « rappel » de leur monde réel dans ces deux romans a même suscité des réactions qui ont débouché sur ce que nous appelons « la querelle littéraire de Lubumbashi ». Mais, alors que les spécialistes de la littérature congolaise sont restés pratiquement muets sur cette question, la rumeur s’en est saisie, pendant trente ans environ, de telle sorte qu’il est devenu difficile de démêler la réalité du mythe. Aussi nous proposons-nous ici d’éclairer l’opinion sur cette « affaire » qui a fait tache d’huile dans l’histoire de la littérature congolaise. Après avoir rappelé à grands traits le contexte sociopolitique et intellectuel dans lequel la querelle se développe, nous évoquerons ses différents moments pour finir sur son impact littéraire. Du point de vue méthodologique, nous interrogerons les sources écrites et orales4 : les premières en vue de présenter le contexte sociopolitique et intellectuel de l’époque, les deux protagonistes et les œuvres en cause ; et les secondes pour évoquer la querelle elle-même et ses répercussions.